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Permaculture et science

La permaculture est souvent présentée comme une science systémique de conception d'écosystèmes humains. Cette définition, malgré son exactitude, masque le principal intérêt de la permaculture : l'étroite alliance des sciences avec la pratique, l'éthique et la créativité. Voir descriptif détaillé

Permaculture et science

La permaculture est souvent présentée comme une science systémique de conception d'écosystèmes humains. Cette définition, malgré son exactitude, masque le principal intérêt de la permaculture : l'étroite alliance des sciences avec la pratique, l'éthique et la créativité. Voir descriptif détaillé

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Introduction

Descartes, fierté nationale, nous invitait à « diviser chacune des difficultés que [nous examinerions] en autant de parcelles qu’il se pourrait, et qu’il serait requis pour les mieux résoudre. » Depuis bientôt quatre siècles, cette graine de réductionnisme pousse et s’épanouit. A tel point que les études scientifiques, philosophiques et manuelles sont aujourd’hui disjointes, si ce n’est opposées. Quel paradoxe, si l’on considère que Descartes était autant philosophe que scientifique !
La fin du XXe siècle marque un virage épistémologique : la prise de conscience des ressorts de la complexité (des écosystèmes, de nos sociétés, des réseaux informatiques...) amène a valoriser les approches systémiques. La permaculture, discipline « inventée » à la fin du siècle dernier, s’est répandue dans le monde entier. Est-ce parce qu’elle nous permet d’intégrer les sciences dans un rapport au monde plus vaste ? En quoi cela est-il en lien avec la pédagogie des sciences telle que la pratique Objectif Sciences International ?

Le Projet

Mais tout d’abord, qu’est-ce que la permaculture ?

La permaculture est la conception consciente de paysages et de projets s’inspirant de la nature.
Elle vise à créer des habitats humains productifs et durables fonctionnant sur le modèle des écosystèmes naturels.
Le côté énigmatique de cette définition s’explique par la diversité qu’elle recouvre, présentée ci-dessous.

La permaculture est un art ...

... l’art de créer des écosytèmes humains durables.

Comme tout art, il se défile face à la définition. D’autant qu’il s’agit d’un art multiple :
c’est l’art de l’artiste qui ressent pour créer,
c’est l’art de l’artisan, qui maîtrise des techniques pointues via un long apprentissage,
c’est l’art des adeptes d’arts martiaux qui se transforment et parviennent à la maîtrise via une pratique quotidienne.

La permaculture est une science ...

... science de la conception de systèmes résilients et efficaces répondant à nos besoins.

Créée par des microbiologistes (M. Fukuoka, B. Mollison) et s’appuyant sur de nombreux travaux d’écologie scientifique (Odum, Margulis) et la thermodynamique (flux énergétiques dans les écosystèmes naturels et dans sociétés humaines), la permaculture permet un approche rationnelle et réaliste des enjeux majeurs du XXIe siècle (énergie, biodiversité, autonomie alimentaire, santé...). Elle propose un méthodologie précise (design) qui permet de concevoir des systèmes durables adaptés aux spécificités locales.
La permaculture allie intuition, ressenti, méthodologie et techniques spécifiques à un travail quotidien sur son mode de vie. C’est cet ensemble qui permet de créer une culture humaine épanouie, en harmonie avec la nature.

La permaculture est une philosophie ...

...philosophie rejoignant la tradition orientale où pensée théorique et action quotidienne ne sont pas dissociables.

La permaculture s’inspire de nombreuse sagesses, qu’il s’agisse de la philosophie du non agir, de la relation qu’entretiennent les aborigènes d’Australie avec la nature ou de la conviction que la biodiversité a une valeur intrinsèque (conviction qui s’est largement répandue dans les pays « du nord » depuis la conférence de Rio en 1992). La philosophie permaculturelle refonde le rapport homme/nature en incluant l’espèce humaine dans l’écosystème mondial et en postulant une convergence des intêrets de l’humanité et de la biosphère. La permaculture est au service de toute forme de vie.

La permaculture est un mode de vie ...

...un mode de vie heureux inventif et plein de défis.

Si la croissance exponentielle infinie de l’utilisation d’énergie et de la consommation de ressources matérielles et une absurdité, rien ne s’oppose à la croissance du bonheur, de l’épanouissement personnel, de la qualité des relations humaines, de la créativité, et du sens de nos existences (en ce domaine, les lois de la physique ne s’appliquent pas). C’est un travail quotidien, dans nos modes de vie peu durables et plein de contradictions, de prendre de la distance avec la « croissance économique », « le pouvoir d’achat » et « la consommation » pour aller vers des modes de vie plus durables, plus autonomes, et qui sait, plus joyeux ?

Pédagogie des sciences : un nouveau paradigme

On le voit, la permaculture, quoique basée sur des fondements scientifiques, rompt avec la froide « neutralité » des laboratoires de recherche.
En permaculture, il s’agit d’observer par soi-même, d’aller au contact des phénomènes, de s’engager dans un acte créateur, de mettre en pratique ses convictions...
Au fond cette dernière phrase s’applique tout aussi bien aux activités d’Objectif Sciences International, qu’à la permaculture.
L’attractivité des filières scientifiques seraient en baisse ? Ne serait-ce pas la conséquence de ce mouvement de société qui, percevant les limites du réductionnisme, se tourne vers des approches systémiques ? Les programmes d’Objectifs Sciences International répondent avec créativité à cette nouvelle donne. La science est au centre de la démarche, mais il ne s’agit pas d’une approche uniquement théorique, d’une « science de papier ». O.S.I. emmène les jeunes sur le terrain, au cœur des phénomènes : sur les traces du loup, en haut des arbres, dans de nombreux pays. L’approche de la science est basée sur la pratique : observation de phénomènes réels, pilotage de drones pour le recueil de données, conception et création de maquettes de bâtiments bioclimatiques... Et le séjour est articulé autour d’une véritable démarche de recherche, qui nécessite questionnement et créativité.
Il s’agit donc d’une même approche du savoir, décliné par la permaculture pour la création de modes de vie durables alors que O.S.I. l’applique à la didactique scientifique. On y relie théorie et pratique, apprentissage et créativité, philosophie et science, d’une manière que Descartes n’aurait sans doute pas décriée.

Pour en savoir plus sur la permaculture :

Horizon permaculture (site de l’auteur de cet article)

Fermes d’avenir : un exemple concret de mise oeuvre de la permaculture

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