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Agriculture en sous-bois

Cultiver des plantes et élever des animaux sous les arbres, pour une forme de gestion intégrée de la forêt. Voir descriptif détaillé

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2 avril 2010 15:45, par Thomas EGLI

Des perles dans les sous-bois

La culture en forêt de plantes ornementales ou médicinales marie économie et écologie

Par Jean Hamann

Il n’en pas simple de convaincre la nature de produire en abondance ce qu’elle livre habituellement avec parcimonie. Depuis cinq ans, un groupe de recherche interuniversitaire intéressé par la culture d’espèces végétales de sous-bois présentant un intérêt médicinal ou ornemental en a fait l’expérience. Si les résultats qu’ils ont obtenus jusqu’à présent ne laissent pas entrevoir un nouveau Klondike, ils constituent néanmoins une assise scientifique sur laquelle peuvent maintenant se reposer les propriétaires de boisés désireux de se lancer dans le commerce de ces plantes. D’ailleurs, ceux qui se laisseront tenter par l’aventure auront une double satisfaction : ils diversifieront leurs revenus tout en participant indirectement à la sauvegarde des populations sauvages de ces espèces.

« Parce que les plantes herbacées forestières croissent et se propagent lentement et à l’abri du soleil intense, il était plus simple et moins coûteux de prélever des spécimens sauvages dans la nature plutôt que de tenter d’en faire la culture sous ombrière, dans les champs ou en pépinières, a rappelé Line Lapointe, professeure au Département de biologie, en ouverture du Colloque sur la culture des plantes herbacées médicinales et ornementales en forêt feuillue, qui s’est déroulé le 1er février sur le campus. « Cette façon de faire ne pouvait pas durer parce qu’elle menaçait les populations sauvages. D’ailleurs, depuis 2005, la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables interdit cette pratique », a-t-elle souligné à la centaine de participants, en majorité des propriétaires de boisés.

Depuis 2002, Line Lapointe, Alain Olivier (Phytologie), Paul Angers (Sciences des aliments et de nutrition), des chercheurs de l’Université de Sherbrooke et d’Agriculture Canada et un groupe d’étudiants-chercheurs ont entrepris une série d’expériences pour tenter de mieux comprendre les exigences de ces capricieuses plantes de sous-bois. Grâce au soutien financier du CORPAQ et du FQRNT, ils ont étudié, en serres et sur le terrain, des espèces recherchées sur le marché des plantes médicinales (caulophylle faux-pygamon, sanguinaire, gingembre sauvage, actée à grappe, bois piquant et polygale sénéca) et des plantes ornementales (fougère-à-l’autruche, adiante pédalée, trille blanc, érythrone). « Nos études ne visaient pas à sanctionner l’efficacité de ces plantes médicinales, précise Line Lapointe. Nous cherchions des façons d’en faire la culture en milieu naturel de façon à répondre à la demande du marché et à faire cesser le pillage des plantes sauvages. »

Dans l’ensemble, les essais ont donné des résultats encourageants pour toutes les espèces, confirme la chercheuse, mais une bonne connaissance des exigences écologiques de chacune, en termes de lumière et de conditions du sol, est essentielle pour assurer une croissance optimale. Ainsi, si la luminosité n’influence pas la concentration des composés actifs dans les plantes médicinales, elle augmente par contre la croissance de trois des quatre espèces testées (actée, gingembre et sanguinaire), et du coup leur rendement en ingrédients actifs, a démontré l’étudiante-chercheuse Julie Naud. « Des trouées dans la canopée pourraient faire partie d’un plan d’aménagement forestier approprié pour la culture de ces espèces », suggère-t-elle. De son côté, l’étudiante-chercheuse Souad Bouchiba a découvert d’importantes variations dans la concentration en composés actifs chez ces plantes médicinales. Une part significative de cette variabilité serait d’origine génétique, ce qui laisse entrevoir la possibilité de sélectionner des plants particulièrement productifs en composés actifs, suggère-t-elle.

La multiplication de ces plantes reste toutefois problématique. « Même après trois années de culture, certaines espèces ne fleurissent pas », souligne Line Lapointe. L’équation est simple : pas de fleurs, pas de graines, pas de multiplication germinative. La seule façon de produire suffisamment de plants pour démarrer des cultures dignes de ce nom est le bouturage à partir du rhizome, la « racine » de ces plantes. « Chez les espèces de petite taille, on peut produire trois ou quatre plants à partir d’un plant mère », précise-t-elle. Le hic, outre la lenteur du procédé, est qu’il faut prélever des plantes dans le milieu naturel pour partir la chaîne, et leur nombre doit être suffisamment élevé pour assurer une certaine diversité génétique. « Le défi d’accélérer et d’augmenter le taux de germination de ces espèces devra être relevé si l’on veut développer cette activité agro-forestière et conserver les populations sauvages de ces espèces », conclut la professeure.

Illustration :
Utilisée depuis très longtemps comme plante médicinale mais également appréciée comme plante ornementale, la sanguinaire du Canada pourrait faire l’objet de culture en sous-bois

Source : http://www.aufil.ulaval.ca/articles...

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28 février 2016 18:55, par DEMAILLY Jean-Guillaume

C’est très intéressant. Est-ce que vous savez si des expériences similaires existent en Europe ?

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2 avril 2010 15:45, par Thomas EGLI

Des perles dans les sous-bois

La culture en forêt de plantes ornementales ou médicinales marie économie et écologie

Par Jean Hamann

Il n’en pas simple de convaincre la nature de produire en abondance ce qu’elle livre habituellement avec parcimonie. Depuis cinq ans, un groupe de recherche interuniversitaire intéressé par la culture d’espèces végétales de sous-bois présentant un intérêt médicinal ou ornemental en a fait l’expérience. Si les résultats qu’ils ont obtenus jusqu’à présent ne laissent pas entrevoir un nouveau Klondike, ils constituent néanmoins une assise scientifique sur laquelle peuvent maintenant se reposer les propriétaires de boisés désireux de se lancer dans le commerce de ces plantes. D’ailleurs, ceux qui se laisseront tenter par l’aventure auront une double satisfaction : ils diversifieront leurs revenus tout en participant indirectement à la sauvegarde des populations sauvages de ces espèces.

« Parce que les plantes herbacées forestières croissent et se propagent lentement et à l’abri du soleil intense, il était plus simple et moins coûteux de prélever des spécimens sauvages dans la nature plutôt que de tenter d’en faire la culture sous ombrière, dans les champs ou en pépinières, a rappelé Line Lapointe, professeure au Département de biologie, en ouverture du Colloque sur la culture des plantes herbacées médicinales et ornementales en forêt feuillue, qui s’est déroulé le 1er février sur le campus. « Cette façon de faire ne pouvait pas durer parce qu’elle menaçait les populations sauvages. D’ailleurs, depuis 2005, la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables interdit cette pratique », a-t-elle souligné à la centaine de participants, en majorité des propriétaires de boisés.

Depuis 2002, Line Lapointe, Alain Olivier (Phytologie), Paul Angers (Sciences des aliments et de nutrition), des chercheurs de l’Université de Sherbrooke et d’Agriculture Canada et un groupe d’étudiants-chercheurs ont entrepris une série d’expériences pour tenter de mieux comprendre les exigences de ces capricieuses plantes de sous-bois. Grâce au soutien financier du CORPAQ et du FQRNT, ils ont étudié, en serres et sur le terrain, des espèces recherchées sur le marché des plantes médicinales (caulophylle faux-pygamon, sanguinaire, gingembre sauvage, actée à grappe, bois piquant et polygale sénéca) et des plantes ornementales (fougère-à-l’autruche, adiante pédalée, trille blanc, érythrone). « Nos études ne visaient pas à sanctionner l’efficacité de ces plantes médicinales, précise Line Lapointe. Nous cherchions des façons d’en faire la culture en milieu naturel de façon à répondre à la demande du marché et à faire cesser le pillage des plantes sauvages. »

Dans l’ensemble, les essais ont donné des résultats encourageants pour toutes les espèces, confirme la chercheuse, mais une bonne connaissance des exigences écologiques de chacune, en termes de lumière et de conditions du sol, est essentielle pour assurer une croissance optimale. Ainsi, si la luminosité n’influence pas la concentration des composés actifs dans les plantes médicinales, elle augmente par contre la croissance de trois des quatre espèces testées (actée, gingembre et sanguinaire), et du coup leur rendement en ingrédients actifs, a démontré l’étudiante-chercheuse Julie Naud. « Des trouées dans la canopée pourraient faire partie d’un plan d’aménagement forestier approprié pour la culture de ces espèces », suggère-t-elle. De son côté, l’étudiante-chercheuse Souad Bouchiba a découvert d’importantes variations dans la concentration en composés actifs chez ces plantes médicinales. Une part significative de cette variabilité serait d’origine génétique, ce qui laisse entrevoir la possibilité de sélectionner des plants particulièrement productifs en composés actifs, suggère-t-elle.

La multiplication de ces plantes reste toutefois problématique. « Même après trois années de culture, certaines espèces ne fleurissent pas », souligne Line Lapointe. L’équation est simple : pas de fleurs, pas de graines, pas de multiplication germinative. La seule façon de produire suffisamment de plants pour démarrer des cultures dignes de ce nom est le bouturage à partir du rhizome, la « racine » de ces plantes. « Chez les espèces de petite taille, on peut produire trois ou quatre plants à partir d’un plant mère », précise-t-elle. Le hic, outre la lenteur du procédé, est qu’il faut prélever des plantes dans le milieu naturel pour partir la chaîne, et leur nombre doit être suffisamment élevé pour assurer une certaine diversité génétique. « Le défi d’accélérer et d’augmenter le taux de germination de ces espèces devra être relevé si l’on veut développer cette activité agro-forestière et conserver les populations sauvages de ces espèces », conclut la professeure.

Illustration :
Utilisée depuis très longtemps comme plante médicinale mais également appréciée comme plante ornementale, la sanguinaire du Canada pourrait faire l’objet de culture en sous-bois

Source : http://www.aufil.ulaval.ca/articles...

10 mars 2014 18:46, par Richard Fays

La culture en sous-bois permet effectivement de faire croître des espèces menacées ou surexploitées.
Néanmoins, on ne peut pas les faire grandir n’importe où : la nature du sol, l’enracinement des arbres déjà en place, le taux de couverture, l’exposition, la pluviométrie, les bactéries du sous-sol, et d’autres paramètres encore influent sur leur croissance.

Dans cet environnement, si l’ombrière est avantageusement remplacée, cela ne garantir pas nécessairement le succès.

Nous pratiquons ce type de plantation à Madagascar, et nous privilégions malgré tout un certain ensoleillement des plantes : en effet, des semis (ou boutures) conservées à l’ombre sont plus fragiles que des plantes cultivées au soleil ; effectivement, à l’ombre la croissance est meilleure, mais il n’est pas impossible que l’ouverture de la canopée (arbre tombé, élagué ou abattu) nuise considérablement aux plantes.

Pour espérer une production équivalente (en quantité mais surtout en qualité) à celle de l ’environnement naturel , il faudrait que les conditions ’naturelles’ soient exactement recréées. Cet environnement différent, par exemple d’une région à l’autre, ou d’un pays à l’autre, est la base même de différences qualitatives (ou gustatives des plantes) puisque la nature même du sol et l’environnement complet influent sur ces plantes.

La multiplication est diversifiée ; mais une fois encore, cela ne signifie pas que les plantes porteront des fruits/graines.

Enfin, planter pour répondre à la demande du marché aujourd’hui, peut très bien vous mener à planter des espèces qui seront devenues invendables à l’heure de leur maturité.
L’idée est excellente, mais il faut bien réfléchir avant de se lancer ; il est possible de faire pousser des plantes alors que tout le monde vous dira que c’est mission impossible, et à l’inverse, il est tout aussi possible de rater une production qui semblait toute naturelle.

28 février 2016 18:55, par DEMAILLY Jean-Guillaume

C’est très intéressant. Est-ce que vous savez si des expériences similaires existent en Europe ?

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